Les traditions
Comme était grande la précarité dans laquelle vivait la plupart des habitants, était d’autant plus appréciée l’entraide qui marquait les activités humaines : charger un char de foin, moissonner, vendanger, battre les moissons, entretenir les chemins. Tout était occasion pour se procurer honnêtement quelque argent.
Les hommes allaient en journées pour tous les grands travaux exigeant un grand effort physique : piocher la vigne, faucher, participer à la construction de l’église, de la mairie-école, à la recherche et à l’adduction des eaux, à la plantation des pins dans les parcelles communales mises au régime forestier.
Les femmes allaient participer aux grandes lessives chez les propriétaires les plus aisés. Lorsque l’une d’entre elles voulait faire une couverture, dite couverture piquée, elle faisait appel à quelques voisines pour l’aider à carder la laine et élaborer la couverture.
Les jeunes hommes quittaient la maison dès les grands travaux terminés pour aller gagner leur vie à travers les régions voisines. De village en village, de ferme en ferme, ils allaient offrir la force de leurs bras. Les uns allaient effectuer les grands travaux en Bresse, profitant du décalage des époques de préparation des sols ou des récoltes.
La plupart allaient, en hiver, peigner le chanvre de la Bresse jusqu’à la Champagne, en particulier Vitry-le-François.
La remonte
Les possesseurs d’une paire de bœufs ou d’un cheval tiraient profit de leur attelage en pratiquant la « remonte ». Ils descendaient à Cerdon, au pied de « la Vieille Côte », l’ancienne voie royale Lyon-Genève, devenue impériale, puis nationale (ceux de Chamagnat utilisant le chemin de Moisset pour ce faire) et ils offraient leurs services aux rouliers qui assuraient les transports sur la route. En effet la montée vers « la Roche coupée » au dessus de Cerdon était forte et les rouliers étaient dans l’obligation de faire doubler leurs propres chevaux pour franchir le col. Ainsi, les jours où leurs bêtes, voire leurs valets de ferme, étaient non utilisées pour les travaux agricoles, les laboureurs rentabilisaient attelage et employé.
La contrebande
Certains habitants acceptaient de risquer leur liberté (leur seule richesse souvent) en transportant illégalement le vin et surtout le marc, de la cave d’un producteur aux consommateurs des villes et villages de la montagne proche. Ils partaient par des chemins de traverse avec un petit tonnelet ou une bonbonne dans une hotte. Pris, comme ils n’avaient rien, ils purgeaient leur peine à la prison de Nantua. Il arriva que, parti avec un attelage ou une charrette de mauvaise qualité, le propriétaire commanditaire racheta le tout pour un prix modique.
Les veillées
Aux veillées, on contait de vieilles histoires. Revenaient souvent les méfaits des loups, mais aussi ceux de certains qui, s’habillant d’une peau de loup, volaient une brebis ou effrayaient les femmes attardées ou les bergères dont ils espéraient abuser.
Il était aussi question d’histoires de brigands, de faux-monnayeurs dans la grotte dite « Le four de Sous Pierre ».
On évoquait aussi Saint Alban et l’histoire du chevalier qui avait fait vœu de bâtir une église là où s’arrêterait son cheval emballé : ce fut au bord de la falaise. Dans cette église, un grand seigneur d’autrefois y aurait été enterré avec un trésor. On parlait des mérites de l’ermite qui vivait près de l’église (tradition orale qui remontait au XVIIème siècle), du four des moines (probablement la cheminée retrouvée dans la chapelle Sainte Catherine).
On parlait des grottes dans la falaise qui auraient permis à la population d’échapper au massacre pendant les guerres avec les Francs-Comtois.
On évoquait la présence d’un souterrain entre les maisons-fortes de Bôsches et du Mortarey, peut-être entre Le Chaffaud et le Mortarey.
A Bôsches, les bergers prétendaient qu’à certaines périodes de l’année on voit se lever trois soleils, lorsqu’en se tenant à jeun et en état de grâce sur un des rochers qui dominent la grand -route de Lyon à Genève on se tourne vers la montagne située de l’autre côté du précipice.